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vendredi 18 février 2011

Notions de philosophie politique et morale

Question 1 : Qu'est ce que le droit naturel et comment évolue cette notion en philosophie politique ?

Le droit naturel, c'est ce qu'il faut conserver de l'état de nature dans la société une fois créée. Le droit naturel correspond aux lois se trouvant dans l'état de nature et qui doivent être préservées dans la société humaine. L'ensemble des lois se trouvant dans l'état de nature s'appelle le droit naturel, et l'ensemble des lois se trouvant dans la société s'appelle le droit positif.
Le droit naturel, c'est donc ce à partir de quoi la société va se construire. Le droit positif dans la société découle donc du droit naturel. Ainsi, grâce à la notion de droit naturel, on peut se questionner sur la société. Pour fonder le droit positif, on va s'inspirer du droit naturel : on va chercher à savoir ce qu'il faut conserver du droit naturel dans le droit positif. Le droit naturel entre les hommes peut être maintenu uniquement si la société se réalise. L'existence du droit naturel donne donc obligatoirement la perspective de la création d'une vie sociale pour maintenir les rapports équitables entre les hommes. Le droit naturel permet donc l'existence du juste. Il pose une théorie de la justice qui échappe aux variabilités de l'histoire et des mœurs, seulement présents dans la société.
Ce concept de droit naturel évolue en philosophie morale et politique de l'Antiquité et de l'époque médiévale à l'époque moderne.
A l'Antiquité, on ne fait pas de séparation entre l'éthique et le politique. Aristote ne fait pas de réelle distinction entre droit naturel et droit positif. L'homme est un animal politique. L'accomplissement de l'homme se trouve donc dans la cité qui lui permet une vie bonne et qui est sa propre nature. Le droit naturel chez Aristote est l'ensemble des règles qui permettent à l'homme d'aller vers sont parfait développement, c'est à dire, la vie sociale.
Cicéron, lui, ne parle pas explicitement de droit naturel. Il parle de loi naturelle, s'opposant à la loi positive. Cette loi naturelle est innée, issue de la raison. Ainsi, on ne peut parler de droit naturel que dans la mesure où la nature de l'homme s'accorde parfaitement avec sa raison pour donner naissance à un ordre parfait.
On retrouve cette conception de loi naturelle à l'époque médiévale avec Saint Augustin. Pour lui, il existe nécessairement une cité parfaite qui est la cité de Dieu. L'homme, après sa chute, se retrouve dans la cité des hommes. Le but de cette seconde cité sera de tendre le plus possible vers la cité idéale initiale. Dieu donne ainsi aux hommes des moyens de se rapprocher de la cité de Dieu, notamment en imposant une loi naturelle. Cette loi naturelle est un ordre posé par Dieu sur la nature et sur la justice. À l'époque médiévale et chez les théologiens, le droit naturel est donc le droit découlant des lois divines.
À l'époque moderne, nait une laïcité du droit. Le fondement du droit est l'expérience et la raison. L'homme est alors considéré comme un individu. On voit donc apparaître un droit individualisant et subjectif. Chez Hobbes, par exemple, le droit naturel est le droit qu'a chaque individu à l'état de nature, d'assurer sa propre sécurité. Le droit naturel est donc la liberté de chacun de faire ce qui lui semble le meilleur pour arriver à sa fin, à savoir la préservation de sa nature et donc de sa vie.

Question 2 : Qu'est ce que l'état de nature ?

L'état de nature est l'état dans lequel se trouve l'homme avant son entrée en société. C'est le lieu où se trouve l'origine de l'homme avant sa transformation par la sociabilisation. Le contrat social, quand à lui, est un contrat consistant à faire passer les hommes dit naturels à un état social. C'est un accord entre chacun pour abandonner l'état de nature et passer à une vie sociale.
L'état de nature est un moyen en philosophie politique pour connaître, ou au moins tenter de connaître, l'essence de l'homme. L'état de nature est un moyen pour les philosophes politiques de discerner ce que pouvait être l'homme avant son entrée en société, avant toute transformation. L'état de nature sert à connaître l'homme à son « état pur ».
Le contrat social est donc ce moment charnière entre état de nature et état social de l'homme. Il se pose aux hommes comme un moyen de résoudre des problèmes posés par l'état de nature. La solution aux problèmes de l'état de nature est la vie sociale. Mais le contrat social se doit de sortir les hommes de l'état de nature pour les sortir des problème posés par celui ci tout en conservant le droit naturel présent dans l'état de nature, car ce droit naturel permettra ensuite de fonder la base de la société, à savoir le droit positif.
La philosophie de Locke ainsi que celle de Rousseau nous présente une possible articulation entre ces deux concepts que sont l'état de nature est le contrat social.
Selon Locke, l'état de nature est un état dans lequel chacun jouit de ses droits naturels, à savoir la liberté et la propriété de soi et de son environnement. En effet, dans l'état de nature, il y a un droit de propriété originaire. La société naturelle est donc d'abord économique. La vie politique et sa justice ne servent qu'à garantir la naturalité de la vie économique. Au départ, l'état de nature est pacifique et axé sur l'individu subvenant à ses besoins. Mais cet état de nature tend toujours à aller vers un état de guerre, non pas parce que tous les hommes sont hostiles entre eux (comme pour Hobbes) mais parce quelques uns le sont parce qu'ils ne comprennent pas ou ne respectent pas la loi de nature, seule loi limitant l'état naturel de propriété. Ainsi, faute de lois civiles existantes, la propriété ne peut pas être maintenue car il y a une incompétence législative dans l'état de nature et une absence d'instance qui pourrait faire respecter la loi et faire appliquer les sanctions.
La notion de contrat social chez Locke s'inscrit donc dans une logique libérale. Le contrat social vient garantir l'état de nature ; il intervient pour garantir la propriété de chaque individu. La vie politique chez Locke découle donc de l'homme est de sa vie économique naturelle.
Pour Rousseau, au contraire, il n'existe aucun état de nature rendant possible le fondement d'un corps politique respectueux de la nature humaine. Chez Rousseau, la tension qui existait déjà chez les auteurs modernes entre Nature et Société est poussée à l'extrême. Rousseau fait de l'articulation de l'état de nature et de l'état social une véritable contradiction. Mais la vie civile est pourtant nécessaire et aucun retour à l'état de nature n'est possible car quelque chose d'irréversible s'est produit, à savoir l'histoire. Ainsi, la nature humaine ne peut pas se réaliser dans la société. La vie sociale ne peut pas être le vecteur d'accomplissement de la nature. Selon Rousseau, à l'état de nature, l'homme est antérieur à l'histoire, il est solitaire et vit selon son intérêt particulier. C'est pourtant un être potentiel, mais il n'a pas encore actualisé tout ce que nous connaissons de l'homme en tant que tel. À l'état de nature, l'homme est un animal qui a la propriété de se désanimaliser, qui est à l'initiative de la liberté humaine, c'est à dire d'un détachement de sa propre nature. La formation de la société est alors un enchainement de hasards, d'accidents, rapprochant les hommes entre eux et changeant leur état naturel. L'amour de soi existant dans l'état de nature devient alors un amour propre, amour qui fait que l'homme a besoin d'autrui comme intermédiaire pour ensuite se contempler lui-même. C'est un sentiment relatif qui rend les hommes malheureux. Une fois entré en société l'homme perd donc son autarcie et son bonheur naturel. Le contrat social intervient donc et permet aux hommes de retrouver ce bonheur perdu en passant par leur dénaturation. Le principe du contrat social de Rousseau est donc de rompre avec l'état de nature initial c'est à dire faire du peuple son propre souverain pour orienter son action vers l'intérêt général. L'homme cherche donc à se définir comme partie indissociable d'un tout, le but étant de reproduire au sein d'une vie politique le principe d'amour de soi. Le contrat social comme volonté générale est donc une convention du corps avec chacun de ses membres. Chaque individu du contrat abandonne son intérêt particulier au profit de l'intérêt général ; c'est un renoncement total à la nature pour mieux la retrouver ensuite.

Question 3 : Qu'est ce que le corps politique ?

Le corps politique est la structure naissant du contrat social passé entre les hommes pour sortir de l'état de nature. Le corps politique constitue l'ensemble des hommes politiques ainsi que le peuple lui-même, soumis aux lois posées par le pouvoir du corps politique lui-même.
Le corps politique a pour rôle de protéger la communauté des problèmes qui avaient été posés à l'état de nature. Il permet une seconde forme de vie, qui n'est plus naturelle mais sociale, et se doit d'organiser cette vie afin qu'aucun conflit ne survienne. Le corps politique se donne donc comme but de sortir les individus des problèmes dus à l'état de nature en créant une nouvelle forme de droit, le droit positif. Mais il doit également conserver le plus possible le droit naturel de chacun tout en le limitant. Ainsi, grâce au corps politique et à son pouvoir, chaque individu peut préserver sa part de liberté individuelle au sein de la communauté tout en étant assuré que cette liberté ne viendra pas compromettre le bonheur commun de la cité toute entière.
Pour trouver cet équilibre entre bonheur de la communauté et respect du droit naturel de chacun, le corps politique peut se positionner de différentes manières face aux individus de la société. Le corps politique pose un rapport entre le pouvoir et les individus ensuite légitimé par son résultat positif sur l'ensemble de la cité. Le pouvoir politique est avant tout un pouvoir de coercition. En effet, l'État créé des lois afin de limiter les conflits entre les individus et par là même limite la liberté de chacun. Le pouvoir politique entretient donc un rapport de domination sur le peuple, une domination qui lui permet de gérer les rapports entre les individus et empêcher toute forme naissante de domination d'un citoyen sur un autre. Le pouvoir politique est donc la structure dominante servant à préserver un équilibre entre chaque membre de la communauté. Mais en gérant les rapports entre les individus composant le corps politique, ce dernier s'applique également à conserver son pouvoir politique afin de toujours garder une position dominante face au peuple.
Le pouvoir politique est donc ce qui permet une justice dans la cité, une entente entre chaque membre mais c'est aussi un pouvoir qui se gère lui même, dans un travail de conservation de sa position dominante face à la communauté dominée.
Chez Montesquieu, par exemple, le corps politique doit atteindre un juste milieu. La structure qui régit un gouvernement doit faire en sorte de respecter la liberté politique de chacun, qui consiste dans le fait qu'un citoyen ne puisse pas craindre un autre citoyen. Cette absence de crainte se réalise par la séparation des pouvoirs au cœur même du corps politique. On trouve donc un équilibre entre pouvoir législatif et exécutif. Le pouvoir politique selon Montesquieu doit être le remède à l'abus de pouvoir entre les membres de la communauté. Il fait en sorte qu'aucun citoyen, par son représentant, prennent du pouvoir sur le citoyen du camp opposé. Le corps politique chez Montesquieu exerce donc son pouvoir dans le but de conserver la liberté de chaque individu au sein de la communauté. Le corps politique permet donc une gérance des individus pour le bonheur commun en empêchant des conflits issus de l'état de nature comme le problème de la propriété.
Chez Kant, il est également question de propriété chez les individus dans la société. En effet, la liberté de chacun se traduit par son droit à la propriété. Mais cette propriété ne peut être maintenue seule. Elle a besoin de l'État. En effet, la propriété isolée, sans aucune instance pour la gérer, conduit inévitablement à un état de guerre. La liberté sans conditionnement ne peut pas durer. L'homme est un animal qui, lorsqu'il vit parmi ses semblables, a besoin d'un maitre pour soumettre son égoïsme à une volonté générale assurant à chacun sa liberté. Ainsi, selon Kant, c'est la raison qui forme l'idée du principe de tout État juste. C'est un contrat originaire qui oblique toutes les lois à naitre de la volonté générale afin qu'il soit possible à tous de vouloir leur obéir. Le pouvoir politique permet de freiner les libertés individuelles mais leur permet en même temps d'exister. Ce n'est donc que grâce au corps politique et à son pouvoir que la propriété de chacun peut être préservée. Seule la vie sociale organisée autour d'un corps et d'un pouvoir politique permet de conserver les libertés individuelles grâce à la volonté générale.



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